L’église St Georges date du  XIème et XIIème siècles
Le clocher sur porche est la partie la plus ancienne de l’édifice. Sa  silhouette robuste et ses  étages rappellent singulièrement celui de Lesterps (Charente) qui date de 1070. On notera les caractéristiques des trois étages :
- tout en haut, deux baies en plein cintre ajourent chaque face,
- à l’étage intermédiaire sont plaquées deux grandes arcatures,
- au bas s’ouvre le portail à voussure polylobée, entouré de fines colonnettes, rappelant le style limousin.

Chapiteau 
De part et d’autre du portail, deux chapiteaux d’une taille assez primitive représentent la Crucifixion avec, sous la traverse de la croix, la Vierge Marie et Saint Jean, et pour l’un, au-dessus de la traverse, le soleil de la lune. D’autres figures sont chargées d’un symbolisme moins clair : à droite, le personnage à trois têtes et en forme de croix fait allusion au mystère inexprimable de la Trinité mais révélé de façon définitive et en plénitude dans la personne du Crucifié ; à gauche, le symbole est encore moins évident, et il semble que le sculpteur ait voulu rappeler la création de l’homme et de la femme, création renouvelée et parachevée par le sacrifice de la Croix

Nef
 Les colonnes engagées et les traces des  anciennes fenêtres du mur sud sont, avec  deux pierres d’autel, tout ce qui reste de  l’édifice des XIème et XIIème siècles. Les voûtes de style gothique flamboyant  remplacent depuis le XVème siècle la voûte  primitive. De cette époque date aussi l’ajout  de la nef nord dans l’axe de la chapelle de la  Vierge. Ces remaniements coïncident non sans raison avec l’entrée en jouissance de la seigneurie du Vigeant par l’opulente famille du Fou. Le nettoyage des murs en 1974-1975 a mis au jour des fragments de fresque ancienne, parmi lesquelles, vers le chœur, la litre seigneuriale aux armoiries devenues indéchiffrables.

Gisant
Redevenue visible en 1974, la face sculptée de ce gisant d’un chevalier anonyme avait été retournée vers le sol en 1869 pour que cesse une pratique superstitieuse. En effet, les gens s’étaient persuadés qu’il représentait l’évêque Saint Europe, sans doute parce qu’il était titulaire d’une chapelle dans l’église et ils grattaient au couteau l’endroit correspondant à la partie du corps où les malades souffraient, pour leur faire prendre cette poussière en infusion. Les pieds du gisant ont particulièrement pâti de cette dévotion : on plaçait la poussière ainsi recueillie dans les bas et chaussures des bambins afin que ceux-ci se mettent plus vite à marcher

Pierre tombale
Sur ce bloc de marbre sont gravés les armoiries de François du Fou, seigneur du Vigeant : «  d’Azur à une fleur de lys d’or et deux éperviers affrontés d‘argent, becqués et membrés d’or ». Son épitaphe est rédigée en trois quatrains de décasyllabes qui précisent ses titres de chambellan de François 1er et de capitaine du château et de la ville de Lusignan, ses qualités morales et sa retraite au château du Vigeant de 1526 à sa mort, le 8 septembre 1536

Vierge à l’enfant
Cette vierge est assez représentative d’un style de transition entre une certaine lourdeur propre au XVII ème siècle et l’élégance qui s’est affinée tout au long du XVIIIème siècle. En outre, cette œuvre se distingue par le geste original de la main libre de la Mère, d’ordinaire accueillante ou servant de soutien aux pieds de l’Enfant : ici, la main droite de Marie retient la jambe de Jésus qui semble vouloir s’élancer, les bras en croix, vers quiconque le regarde.

Sainte Jeanne d’Arc
Si banale que soit cette statue du point de vue esthétique, sa présence  dans l’église prend une dimension  affective quand on sait que, à la fin du XVIII  ème siècle, le marquis Antoine Charles  Tardieu de Maleissye, nouveau seigneur du  Vigeant, était un descendant direct du frère  de Jeanne D’Arc. Il conservait dans une  salle d’honneur du château, qu’il avait  reconstruit à la sortie sud du bourg, divers  souvenirs de la pucelle d’Orleans,  notamment deux lettres des 16 et 28 mars  1430 adressées aux habitants de Reims et  signées « Jehanne ». Ces lettres, qui font  partie des rarissimes documents  authentiques portant la signature autographe  de l’héroïne nationale, ont quitté Le Vigeant au cours de la Révolution.
 
( Extrait du livre " Le Patrimoine des Communes de Vienne" de Flohic Editions )

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