Le quatre août 1944, comme la journée précédente, le temps est beau. Au cantonnement, la matinée est consacrée au nettoyage des armes et à la reconstitution des allocations en munitions. Les hommes bavardent par petits groupes et échangent leurs impressions sur l’accrochage de la veille.

A 12 heures 30, un messager (A. BESSAGUET) du groupe de L’ISLE JOURDAIN vient donner l’alerte : deux colonnes allemandes sont annoncées et se dirigent vers L’ISLE JOURDAIN. L’une vient de LUSSAC et l’autre de MAUPREVOIR. Cette dernière n’est autre que celle qui la veille a été attaquée aux « Ecures ». Le maquis « Kléber » a accroché la colonne venant de MAUPREVOIR, des tirs sont entendus vers le bois de l’Areau.

A 13 heures 15, deux éclaireurs sont envoyés vers LE VIGEANT. Il s’agit de Marcel DESBAN et de Jean AUGRY, tous deux attachés au groupe de L’ISLE JOURDAIN qui a installé son P.C. à l’hôtel du Lion d’Or.

Pendant ce temps, c’est-à-dire vers 12 heures 45, le lieutenant LOISEAU dit « Spada » en l’absence de DAGAN qui remplace COLLIN au commandement du maquis « Adolphe » met celui-ci en alerte.

Deux sections, la 1ère et le 2nde sont embarquées dans deux camions qui se dirigeront à vive allure vers L’ISLE JOURDAIN. Dans le premier SPADA et RIBADOUX, dans le second, les groupes SHIMEL et DUCOUDRAY.

L’ISLE JOURDAIN est traversé rapidement puis Bourpeuil et le Parc. L’objectif étant le bois de l’Areau, le premier camion aborde le bourg du Vigeant sans ralentir, il est 13 heures 45. Soudain, alors qu’il a dépassé l’église et qu’il s’engage dans la ligne droite, il est stoppé par des tirs d’armes automatiques. Les Allemands sont déjà aux lisières du bourg et vraisemblablement ont commencé l’encerclement puisque le 2nd camion qui vient de passer le Calvaire après le parc, est à son tour sous le feu des A. A. embusqués dans les fossés de la route à hauteur de l’école. Le premier camion étant passe, tout le monde est confiant et la surprise est totale. 

Dans les deux véhicules, la réaction est rapide. Les fusils mitrailleurs (FM) se déchaînent, couvrant le débarquement des hommes dont certains sont tués sur le coup (1). Ceux du 2nd camion se replient vers le petit bois du Calvaire où l’ennemi n’a pas encore pris pied.

Cinq volontaires (2) sont tués. Ceux du 1er camion se dispersent dans le bourg. RIBADOUX, blessé au pied, arrive à se retrancher dans une maison, route de St Martin ; il abat plusieurs allemands. SPADA, militaire aguerri, avec un groupe fera le coup de feu en se repliant vers la route de Sazat, seule issue encore libre. Certains volontaires blessés ou non, qui se sont camouflés, seront hélas découvert et abattus sur place.

Le combat va se poursuivre jusqu’à 15 heures. Allemands et miliciens, ivres pour la plupart se livrent par bandes successives au pillage. Vingt trois maisons sont incendiées, l’église est profanée, vingt et un otages, qui ont été placés devant le mur de la mare sont sauvagement abattus. 

Que sont devenus les deux éclaireurs envoyés à treize heures ? Arrivés au cimetière du Vigeant avec leurs vélos, DESBANT et AUGRY n’ont rencontré personne et se trouvent quasiment nez à nez avec les Allemands et dans l’impossibilité de faire demi-tour. Arrêtés, interrogés, ils sont placés en attente au carrefour de la route dela Petite-Age. Lorsquela fusillade éclate, ils tenteront de fuir mais hélas une mitrailleuse les fauchera au chemin du Monteil. AUGRY est tué, DESBANT blessé recevra le coup de grâce. Mais par miracle, il ne sera que gravement blessé, faisant le mort jusqu’au soir où il sera récupéré et sauvé.

Ainsi le bilan de cette dramatique journée se soldera par treize tués dans les rang mu maquis « Adolphe » - dix huit jeunes volontaires qui pour la plupart avaient rejoint le maquis quelques jours à peine avant le quatre août, vingt deux habitants assassinés, vingt trois maisons brûlées.

Monsieur MAISONNIER, ancien militaire épargné par une première équipe qui l’utilise pour soigner les blessés est fusillé avec Monsieur TESSIER près de Serre par une seconde équipe. Seul l’instituteur, Monsieur POURSAT, resté à son poste sera épargné. Le corps du Commandant BUISSON, sera retrouvé près du Parc. Venu rencontrer le Colonel RANGER pour se placer au service dela Résistance, il a été abattu en fuyant Le Parc investi par les Allemands.

La colonne allemande quitte le bourg vers 18 heures en direction de BOURESSE. Harcelés par des groupes, ils se retrancheront dans la ferme de « Chez Thimonier » pour y passer la nuit et soigner leurs blessés.

 Le soir du 4 août:
 Les informations provenant de certains rescapés arrivés à L’ISLE JOURDAIN dans l’après-midi donnent l’ampleur du désastre. Que vont faire les allemands ? Des commandos harcèlent la colonne allemande entre « Sazat » et « le Puit-au-Comte » à la route d’USSON DU POITOU. Tous les maquis sont alertés, dont le maquis « Joël », et sont postés sur les rives dela Vienne, côté ISLE JOURDAIN, pour défendre les accès par le viaduc, le pont Saint Sylvain et les barrages. Les craintes sont grandes de voir les Allemands tentées une action sur L’ISLE JOURDAIN, Bourpeuil est évacué. Des reconnaissances envoyées sur MOUSSAC, PERSAC, font penser que l’ennemi ne veuille pas insister sur L’ISLE JOURDAIN, l’opération risquant d’être coûteuse. 

En ce qui concerne le maquis « Adolphe », ordre a été donné d’évacuerLa Maloire. Eneffet, l’ennemi a pu trouver sur les victimes des indications concernant les implantations des maquis. Le regroupement se fera dans la fermer de « La Pinière » exploitée par la famille SOUCHAUD. 

La semaine du 05 au 12 août sera consacrée à faire le bilan de cette triste affaire, enterrer nos camarades tués avec tous les honneurs qui leur étaient dus.
Contrairement à ce que l’on pouvait penser, le moral n’est pas démoli, bien au contraire, c’est un esprit de revanche qui nous amine.
 (1)   QUERAUD Louis
(2)  GUINEL joseph, DAGAN Jean, ALIX Joseph, DULCHES Raymond, HEINTZ François.

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